L’Odyssée de Sven, Nathaniel Ian Miller

Editions Buchet Chastel

469 p.

Les Éditions Buchet-Chastel

https://www.buchetchastel.fr/

Quatrième de couverture

Lassé de sa vie à Stockholm et d’un travail qui lui broie l’âme, le jeune Sven décide d’assouvir ses envies d’exploration polaire et de rejoindre le Spitzberg. Là-bas, la nuit arctique règne en maîtresse, on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage qui s’agrippe à son rocher, on peut assister à la splendeur d’une aurore boréale et être dévoré par un ours blanc dans la minute qui suit.

En route, il rencontrera de nombreux compagnons comme un géologue excentrique, un trappeur finlandais socialiste ou un chien plus utile qu’il n’en a l’air. Il assistera à la naissance d’un iceberg, aux jeux des renards polaires, et apprendra l’art de la chasse. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.

En imaginant la vie d’un ermite du début du XXe siècle, Nathaniel Ian Miller nous livre un roman d’une bouleversante humanité, véritable ode à la nature, aux familles qu’on quitte, à celles qu’on se crée et à celles qui nous retrouvent, même au cœur de l’inhabitable.

Mon avis :

Extraordinairement bien écrit, ce roman m’a happée dès les premières pages. Les personnages sont touchants même s’ils sont souvent rugueux et peu affables. Et quel franc parler !

J’ai vu des blessures de guerre, mais rarement d’aussi moches que la tienne. On dirait que tu t’es fait mâcher et re-chier par un ours.

Ce récit initiatique est raconté du point de vue de Sven, au sortir de l’adolescence jusqu’à un âge avancé. Trappeur un brin maladroit et négligent, au risque d’y perdre quelques dents, il peut compter sur ses rencontres. Tous deviennent à leur manière de véritables mentors et lui enseignent la survie en milieu hostile, la cohabitation avec la faune imprévisible des grands froids mais aussi le goût pour le tabac et la boisson.

Si toute notion du temps semble abolie, le chemin parcouru à pied, à ski ou en bateau est souvent très long mais pas pour le lecteur qui se délecte du lien humain indéfectible qui unit les personnages malgré l’absence. Leurs routes se croisent et se séparent au rythme des jours et des nuits arctiques. Il n’est pas rare qu’on se retrouve après des années de séparation comme s’il ne s’était passé que quelques heures. Car l’amitié et le partage sont les valeurs que véhicule ce roman passionnant et émouvant.

Dis-lui que j’ai trouvé son fjord, dis-lui que j’ai trouvé son silence. » est sans doute la citation qui m’a le plus marquée.

Bien au-delà des apparences, c’est une véritable épopée humaine, une quête de soi et de liberté qui interroge notre place dans le monde.

C’est après avoir découvert la cabane de Sven que l’auteur a écrit ce roman, mon coup de cœur de 2022. Et il se sera fait attendre car je l’ai refermé à regret le 31 décembre !