Chien de sang: Chien spécialisé dans la recherche du grand gibier blessé.
L'intrigue ou plutôt les intrigues reposent sur l'alternance de deux histoires semblables à bien des égards puisqu'il s'agit de chasses à l'homme particulièrement cruelles.
D'une part, une vaste propriété aux allures de labyrinthe sert de théâtre aux jeux abjects d'un homme puissant rapidement surnommé "le Lord" par ses victimes. Il les choisit parmi les parias de la société et les offre littéralement en pâture à des hommes richissimes qui les pourchassent sans pitié, aidés de chiens avides de sang, comme s'ils étaient du gibier. Personne ne se souciera de leur disparition.
Tels des requins affâmés, ils ne lâcheront prise que lorsque les proies auront péri une à une après une course-poursuite haletante qui ne laisse aucune issue aux malheureux.
D'autre part, au creux de la forêt cévenole, Diane, une jeune photographe assiste à un meurtre. fatalement, elle est repérée par l'équipe d'assassins désormais prêts à tout pour la faire taire. Ce sont des gens bien, des notables de la ville, leur réputation pourrait être entâchée si quelqu'un venait à apprendre ce qu'ils ont fait. Même si le clan se délite petit à petit, s'en suit alors une traque sans merci : la jeune femme se perd dans les fourrés et les sentiers, tentant de rejoindre sa voiture ou de trouver du secours. Mais ses adversaires connaissent les lieux comme leur poche...
J'aime beaucoup les romans de Karine Giebel, auteure que j'ai découverte lors de la lecture des "Morsures de l'ombre".
On retrouve dans cet opus des thématiques qu'elle semble affectionner : courses-poursuites dans des lieux isolés français (comme la montagne dans Jusqu'à ce que la mort nous unisse"), des personnages qui souffrent de solitude (Diane, le photographe m'a rappelé Vincent Lapaz dans le roman cité précedemment). Ce sont des êtres avec des failles et, bien souvent, le récit est l'occasion de révélations sur leur passé ou sur une part refoulée de leur inconscient. Cela vient assez tardivement dans "Chiens de sang" et correspond à peu près au moment où j'ai vraiment adhéré au récit, c'est-à-dire dans le dernier tiers, malheureusement...
Autour d'eux, des protagonistes souvent en vue dans leur village (voir ma critique sur "Jusqu'à ce que la mort nous unisse") apparemment au dessus de tout soupçon.
Cette fois donc, j'ai eu un peu plus de mal à rentrer dans le livre, même si je trouve l'idée de départ intéressante. Sans dévoiler trop aux futurs lecteurs, je peux dire que je pensais que les deux intrigues allaient trouver un point de convergence qui n'a finalement été que suggéré : Diane, la photographe traquée et Rémy, l'une des proies du Lord, se sont déjà croisés... Mais c'est tout!
On retrouve bien sûr le style lapidaire de l'auteure, des phrases souvent courtes, nominales, qui ponctuent les pensées des personnages ainsi que son goût pour les formules qui font mouche. Toutefois, j'ai ressenti un peu de lassitude car l'effet de surprise des oeuvres précédentes s'est quelque peu émoussé.
Enfin, et c'est ce que j'apprécie le plus, Karine Giebel ne semble pas affectionner le "Happy end", le lecteur n'a pas la certitude que l'histoire se finira bien dans le meilleur des mondes, à savoir l'une de nos belles régions françaises. Lorsque l'on referme le livre, persiste un sentiment de malaise qui fait que l'on va certainement courir pour lire un autre livre du même auteur! C'est aussi ce qui fait à mon avis son originalité.
En somme, je dirais que ce n'est pas mon livre préféré mais j'ai retrouvé les ingrédients qui m'avaient séduite dans les précédentes lectures. J'espère simplement que Karine saura se renouveler tout en conservant cette aptitude à explorer nos régions et à nous les faire découvrir sous un angle différent. Un auteur de romans policiers français capable de faire voyager dans un fauteuil, c'est précieux!
Ma note: 6 ou 7/10 mais surtout pour la dernière partie du récit!